William BAKAIMO
Depuis l’âge de 5 ans il ne cesse de dessiner et se construit ainsi son propre monde.
Il obtient une licence en droit privé fondamental et un master en droit des affaires.
En 2017 il obtient un diplôme d’ingénieur de conception en beaux-arts et décide de se consacrer définitivement à la peinture.
Troisième enfant d’une famille qui en connait huit, cette place lui confère des responsabilités malgré une indicible peur du lendemain qui le tenaille ; se battre pour combler des besoins permanents.
Au Nord-Ouest du Cameroun, il souffre d’un isolement qui, même s’il est propice à la création, se révèle être un frein pour mener une carrière artistique.
Une autre mue s’annonce, riche, foisonnante, étonnante. Celle où le jeune homme transforme le réel dans un monde créé de toutes pièces, un labyrinthe où les doutes côtoient les contradictions, l’espoir l’emporte sur les peurs. L’artiste prend le pas sur un environnement qui lui sied moins même s’il demeure très attaché à sa famille et au devoir qui lui incombe.
2017 et 2018 sont des années charnières où il peint ses premières oeuvres maitresses. Alors commence la grande mue, la transformation du jeune homme en artiste porteur de nombreux messages où l’espoir l’emporte sur la noirceur.
LE LEZARD QUI SOMMEILLE EN MOI…
L’oeuvre de WILLIAM BAKAIMO est un grand bestiaire onirique où les humains ne sont pas des humains, où les animaux ne sont pas plus des animaux. Dans cette étrange arche de Noé, l’imaginaire et le rêve se taillent une part considérable pour décrire une réalité qui échappe de plus en plus à l’artiste. Il brouille les pistes pour restituer des tableaux qui interrogent.
Ces figures hybrides mi-hommes, mi oiseaux ou autres espèces rares appartiennent au jardin fantasmagorique de son créateur. Comme il le dit lui-même : « le lézard qui sommeille en moi se débarrasse chaque fois de sa peau pour devenir un homme nouveau ». En cela le petit reptile revient souvent dans ses toiles comme un animal emblématique de l’espoir, du bonheur retrouvé, du peintre qui se renouvelle incessamment.
Chaque tableau suscite de nombreuses lectures car ce qu’il porte de plus secret en lui est étonnement lié à son environnement direct ou à une actualité qui impacte sa vie et son univers pictural.
Dans l’étrange bestiaire, il y a ce qui vit et palpite dans son coeur mais également d’autres drames qui rongent le continent africain. Il concilie les révoltes intérieures et d’autres combats plus conscients. A titre d’exemple, les actes de terrorisme perpétrés par Boko Haram l’ont profondément marqué et révolté tout comme le sort réservé aux enfants sur le continent africain.
Ce monde qu’il s’est construit n’a pas enfermé l’artiste dans une bulle étanche. Il revendique au contraire l’influence d’autres artistes camerounais comme JOËL MPAH DOOH et HAKO HANKSON dont les personnages finement épurés sont d’une surprenante spontanéité mais également BASQUIAT dont l’oeuvre a cette authenticité que recherche William.
Dans ses tableaux plus récents tels que « Freedom » ou « Bororo am », l’artiste élargit son projet et explore des approches picturales différentes tout en restant en cohérence avec son univers. On le sent poussé par des élans de créativité, par un nouveau bonheur de peindre malgré les difficultés auxquelles il est confronté. Avec son ami Moustapha Baïdi Oumarou, William Bakaïmo fait partie de cette nouvelle génération de talents émergents qui placent le Cameroun comme un des pays en pointe en matière d’art contemporain.
|